Albâtre 2100 co-construisons les nouveaux territoires

Imaginer « l’ère écologique » nécessite d’inverser le regard. Un « retour au territoire» créateur d’un  nouvel univers conceptuel proposant un projet collectif, celui de la co-construction. Ainsi d’accéder à une expertise partagée où l’agriculteur, l’habitant est autant expert du territoire que l’architecte ou l’urbaniste.

Données du projet

 

Territoire : Côte d'albâtre - Normandie
Superficie : 12 317 km²

Population : 1,848m hab

Lieu d'intervention stratégique : Paluel / Saint Valéry de Caux

Opération : Réflexion sur l'avenir des territoires

Maître d’ouvrage : Ministère de l'éducation et du dévelloppement économique
Equipe : Cosmo, Nuit뉘 architecture,  Foreveryoung Studio - Graphiste
Coût de l'opération : 57 000 €ht
Intervenants sur le projet : Rémi HAUTIER, Thomas BONNENFANT,  Halimatou Mama-awal, Anthiny Genoux

Avancement : Expertise

 

 

Notice

Le territoire : lien naturel

Au lendemain de la COP21 où un accord a été établi dans le but de redéfinir de nouvelles formes de cohabitation à partir d’une transition énergétique nécessaire pour la transformation des modes de vie à l’échelle planétaire, nous nous interrogeons sur comment localement ce processus peut-être activé ? La pensée architecturale peut participer pleinement à la mise en route de ce processus lorsqu’elle est  construite à partir de la prise en compte du territoire à des échelles très différentes simultanées : des grandes échelles territoriales (le 100 000e par exemple) jusqu’à l’échelle grandeur, 1 sur 1, pour la mise au point de la fabrication des installations techniques, des constructions, des aménagements de sol … En déconstruisant la complexité du territoire au travers d’outil théorique comme le palimpseste, en plus des couches classiques d’analyse deux couches conceptuelles sont définit : «énergie humaine» et «énergie électrique». La plateforme virtuelle est catalyseur de l’énergie humaine et des infrastructures d’énergies renouvelables s’installent physiquement dans des localités. D’ici 2100, la production énergétique se décentralise pour créer une autonomie à  l’échelle de la région.  La capacité du territoire  d’Albâtre permet de produire des énergies renouvellables pour les villes de Fecamp, Dieppe, Rouen, le Havre et les localités environnantes. Une production qui remplace progressivellent l’énergie nucléaire, jusqu’au démantelement de la centrale.Le paysage des côtes d’Albâtre est redessiné grâce aux nouveaux dispositifs à différentes échelles spatiales, gradient de la mer à la terre. De l’échelle territoriale du « front énergétique » composé d’éolienne offshore et de marée motrice, à l’échelle domestique du « clos masure énergétique » La transition énergétique est déclinée selon deux domaines : « énergie humaine » et « énergie électrique ». L’énergie humaine est l’infrastructure sociale, base du réseau solidaire de co-constructeurs. L’énergie humaine permet d’accéder à une connaissance spécifique du territoire au travers de ces « praticiens du territoire », mais aussi elle permet de produire de nouvelles connaissances et de restituer les sensibilités des lieux. L’énergie électrique rappelle les ressources naturelles (eau/vent/soleil) nécessaire pour produire de énergie électrique nous alimentant à différents niveaux de la vie. Dans le temps long nous proposons d’autres moyens d’exploitation, de transformation, de distribution, de vente et de consommation de l’énergie. La stratégie territoriale enclenche un processus de décentralisation énergétique. L’autonomie énergétique à l’échelle des régions françaises, permet à l’échelle locale de la région, à la communauté des communes des côtes d’Albâtre d’affirmer sa spécificité de territoire producteur d’énergie renouvelable. Le nouveau point de départ du projet collectif et solidaire des côtes d’Albâtre est donc structuré de deux composantes essentielles s’établissant progressivement en parallèle : une plateforme virtuelle catalyseur de l’énergie humaine et des éléments infrastructurels implantés physiquement dans les localités de la communauté de commune des cotes d’Albâtre.

 

Plateforme de co-construction

ww.a2100.com est l’espace virtuel de co-construction. Un site internet où chaque acteur définit son profil. En fonction des besoins et des envies, une base de données est produite. La plateforme regroupe les co-constructeurs selon des domaines d’intérêts qui permet des rencontres inédites autour de projets communs. La cellule a pour mission d’accompagner la transition du projet personnel vers un projet collectif. Ce réseau solidaire se matérialise spatialement par la « maison des savoirs » qui héberge la cellule accompagnatrice,  et ses annexes dans diverses localités, lieux de proximité et de rencontre entre acteurs du territoire. Au fur à mesure du temps, les projets s’ancrent sur le territoire, des lieux sont transformés.

 

Infrastructures physiques

Ici la capacité du territoire de la communauté des côtes d’Albâtre permettra de produire des énergies renouvelables pour les villes de Dieppe, Fécamp, Rouen et Le Havre et toutes les autres communes qui structurent le territoire. Le paysage des côtes d’Albâtre sera redessiné grâce aux nouveaux dispositifs à différentes échelles. De l’échelle territoriale avec un « front énergétique » composé d’éoliennes offshore et d’installations marémotrices, à l’échelle domestique du « clos masure énergétique ». Entre terre et mer, nous retrouvons différentes échelles de production énergétique. Le projet de transition énergétique se fera par des formes de production « complémentaire » entre énergie renouvelable et énergie nucléaire, puis le remplacement progressif de l’énergie nucléaire s’opérera. La centrale nucléaire pourra être démantelée.

L’énergie humaine se définit aussi par sa capacité motrice, mobilités et accessibilités. La caractéristique diffuse du territoire nous amène par exemple à proposer des centre-ville itinérants, dispositifs venant s’installer provisoirement pour alimenter les habitants dans des localités. Une voie verte souligne les côtes, elle permet de protéger les côtes avec une épaisseur réservée aux mobilités douces telles que les vélos, le cheval et la marche à pied liant la grande échelle du tourisme de comtemplation de Rotterdam à Porto.

 

La maison des savoirs

La maison des savoirs est un espace d’accueil et d’échange autour des expériences de co-construction. On y retrouve la cellule d’accompagnement de la plateforme www.a2100.com. C’est aussi un lieu d’expérimentation de nouvelles solutions d’habiter ; des laboratoires de recherches, annexes d’universités régionales pourront s’établir. Nous retrouvons aussi des espaces d’échange et d’expertise partagées, tels que des salles de réunions et de travail de dimensionnements variantes, et pour les plus grands événement la maison des savoirs disposent d’un auditorium.

Conceptuellement la maison des savoirs symbolise la rencontre de la terre et de la mer. Deux mouvements opèrent pour générer les spatialités, de haut en bas et de bas en haut. Une image conceptuelle orientant le choix du site. Entre arrière-pays et bord de mer, la présence d’un patrimoine bâti révèle une culture constructive de l’habitat spécifique au territoire. L’implantation crée un dialogue mettant en scène le passé et le devenir des réponses architecturales. Deux gestes qui permettent de matérialiser deux rapports différents avec le sol. permet de travailler les spatialités sur l’épaisseur de l’enfouillement et sur la surface. La surface, avec son aménagement paysager révèle le bâtiment existant du château.  L’épaisseur enfouie rappelle la caractéristique de la région, l’esthétique des marnières. Deux accès permettent d’y accéder depuis la surface dont l’un est une connexion directe avec la partie immergée de la maison des savoirs. Sur la partie immergée de la maison des savoirs, on retrouve les halles d’expérimentation et les lieux d’expositions. L’architecture évolutive par ses façades mobiles laisse place à des réappropriations par des débordements possibles sur l’extérieur.

La proposition réactive les spécificités du clos-masure qui à l’origine canalisait et stockait des ressources, particulièrement la ressource eau avec la mare. Ici, un système de récupération des eaux permet de retrouver ses fonctions d’origine, complété avec des dispositifs de panneaux solaires alimentant l’ensemble du clos en énergie. La maison des savoirs est ainsi une rencontre entre énergie humaine et énergie électrique.

Les nouvelles formes de vie produites par « Albâtre 2100 : Co-construisons les nouveaux territoires »  proposent un nouveau rapport avec l’environnement. Ce rapport à l’environnement dont l’esprit écologique émane est pour le philosophe Ortega y Gasset l’essence de l’architecture et de l’aménagement du territoire.